Daisy Dedoncker

Psychologue

EMDR

La plus grande révolution de notre génération
est de découvrir que les gens peuvent,
en modifiant leur état d’esprit,
changer les aspects extérieurs de leur vie

William James

Qu’est-ce qu’un traumatisme psychologique ?

Le mot « trauma » signifie « blessure », laquelle est infligée par une confrontation à un événement effrayant et/ou menaçant pour la survie, difficile à gérer au niveau émotionnel.

L’événement provoque chez la personne un choc. La personne se sent alors « blessée émotionnellement » suite à cette confrontation avec cet événement traumatogène.

Le noyau central de cet événement est la rencontre intime avec la mort, de façon objective ou subjective. Les réactions immédiates en sont des réactions de stress aigu.

Si ce même événement continue à déstabiliser fortement l’équilibre psychique de la personne pendant une période plus longue en raison des symptômes de répétition, d’évitement, de déni et de stimulations excessives, nous parlerons alors d’un stress post-traumatique (PTSD).

Critères diagnostiques du stress post-traumatique (du DSM IV)

A. La confrontation à l’événement traumatique.
Le sujet a été exposé à un événement traumatique dans lequel les deux éléments suivants étaient présents :
1. Le sujet a vécu, a été témoin ou a été confronté à un événement ou à des événements durant lesquels des individus ont pu trouver la mort ou être très gravement blessés ou bien ont été menacés de mort ou de blessures graves ou bien durant lesquels son intégrité physique ou celle d’autrui a pu être menacée.
2. La réaction du sujet à l’événement s’est traduite par une peur intense, un sentiment d’impuissance ou d’horreur.

B. Symptômes d’intrusion.
L’événement traumatique est constamment revécu de l’une (au moins) des façons suivantes :
1. Souvenirs répétitifs et envahissants de l’événement provoquant un sentiment de détresse et comprenant des images des pensées ou des perceptions.
2. Rêves répétitifs de l’événement provoquant un sentiment de détresse.
3. Impression ou agissements soudains « comme si » l’événement traumatique allait se reproduire (illusions, hallucinations, flash-back).
4. Sentiment intense de détresse psychologique lors de l’exposition à des indices externes ou internes évoquant ou ressemblant à un aspect de l’évènement traumatique en cause.
5. Réactivité physiologique lors de l’exposition à des indices internes ou externes pouvant évoquer un aspect de l’événement traumatique en cause.

C. Symptômes d’évitement & d’émoussement
Evitement persistant des stimuli associés au traumatisme et émoussement de la réactivité générale (ne préexistant pas au traumatisme), avec au moins trois des manifestations suivantes :
1. Efforts pour éviter les pensées, les sentiments ou les conversations associées au traumatisme.
2. Efforts pour éviter les activités, les endroits ou les gens qui éveillent des souvenirs du traumatisme.
3. Incapacité à se rappeler un aspect important du traumatisme.
4. Réduction nette de l’intérêt pour des activités antérieurement importantes ou réduction de la participation à ces mêmes activités.
5. Sentiment de détachement d’autrui ou bien sentiment de devenir étranger aux autres personnes.
6. Restriction des affects (par exemple : incapacité à éprouver des sentiments tendres).
7. Sentiment d’avenir « bouché » (par exemple : ne pas pouvoir faire carrière, se marier, avoir des enfants…).

D. Symptômes neurovégétatifs.
Présence de symptômes persistants traduisant une activation neurovégétative (ne préexistant pas au traumatisme); au moins deux des manifestations suivantes
1. Difficultés d’endormissement ou sommeil interrompu.
2. Irritabilité ou accès de colère.
3. Difficultés de concentration.
4. Hyper-vigilance
5. Réactions de sursaut exagérées

 

E. Les perturbations des critères B, C et D durent plus d’un mois.

F. La perturbation entraîne une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants.
Trouble aigu (< 3 mois), chronique (> 3 mois), différé (apparaît au delà de 6 mois)

Explication neurologique :

Le système limbique joue un rôle très important dans le comportement, les émotions et la formation de la mémoire.

 

Parmi les éléments qui le composent, se trouve l’amygdale, siège de la mémoire émotionnelle. Elle nous permet de contrôler nos réponses émotionnelles. C’est ce système qui nous permet, en cas de danger, d’y répondre adéquatement. Cette réponse y sera mémoriser et pourra être réutilisée lors d’une nouvelle situation similaire.
L’amygdale va pouvoir retourner à un état de repos grâce à l’action du cortex associatif qui analysera la situation et enverra un signal d’appaisement à celle-ci.

 

Lorsque le danger est trop grand, et qu’un état de sidération apparaît, l’agmydale se bloque car l’action du cortex associatif n’est pas possible. L’amygdale reste activée malgré la sessation du danger voire la maîtrise de la situation. Ce bloquage entraîne une réponse émotionnelle qui reste maximale et perdure dans le temps. La production des hormones nécessaire à l’action du corps continue (noradrénaline, adrénalie, cortisol et dopamine) alors qu’il n’y a plus aucune nécessité de réagir face à une attaque. Ce sont ces hormones qui vont entraîner un état de stress extrême. Le corps n’a pas d’autre solution que de produire un court-circuit afin de déconnecter l’amygdale et ceci à travers la production d’endorphine. L’endorphine va cesser l’action de l’amygdale et stopper ainsi la fabrication de toutes ces hormones devenues toxiques pour le corps.

 

En procédant de la sorte, le cortex associatif ne reçoit plus d’informations de nature émotionnelle, ce qui donne cette impression d’étrangeté, d’être spectateur. C’est ce qu’on appelle, le phénomène de DISSOCIATION.

 

L’amygdale étant isolée du reste du système limbique, elle ne peut plus participer à la transformation de la mémoire émotionnelle en souvenirs. Et voici comment apparaissent les troubles de la mémoire suite à un traumatisme subi.

 

Le cortex ne pouvant plus jouer son rôle de modulateur, l’amygdale devient hypersensible au point de réagir de manière démesurée à tout stimulus ayant de près ou de loin un rapport avec le traumatisme initial. C’est ce qui crée la MÉMOIRE TRAUMATIQUE.

 

En conclusion : les symptômes du PTSD sont causés par une information perturbante stockée dans le système nerveux. Cette info est emmagasinée sous la forme même de son vécu initial, parce que le traitement de l’information a été, pour une raison quelconque, bloqué. En effet, l’information est figée dans le temps, isolée dans son propre réseau neuronal et stockée sous la forme d’un état spécifique essentiellement perturbant.

Eye Movement Desensibilisation Reprocessing

Conçu par Francine Shapiro en 1987, la méthode EMDR tirait initialement son nom des mouvements oculaires. L’EMDR est un processus complexe comportant beaucoup d’éléments. Ainsi, de nombreux autres stimuli que les mouvements oculaires se sont avérés utiles. Les mouvements oculaires sont seulement un des stimuli de l’attention double, parmi d’autres utilisés pour activer le système de traitement de l’information et en réaliser les effets thérapeutiques. Le mouvement oculaire est seulement une forme de stimulation utilisée et un élément d’une approche complexe.

 

Stimulation de l’attention double :

Il existe d’autres stimuli que les mouvements oculaires dirigés et qui sont tout aussi capables d’activer le système de traitement de l’information : le tapping des mains ou les sons bilatéraux alternés.

 

Spécifiquement, le mécanisme du traitement de l’information est activé quand l’attention est centrée sur des signaux extérieurs (ex. signaux tactiles ou auditifs).
La focalisation simultanée sur le souvenir traumatique active le processus de traitement du matériel stocké de manière dysfonctionnelle.
Un réseau de mémoire constitue un système d’informations reliées. On imagine une série de canaux où des souvenirs apparentés, pensées, images, émotions, sensations sont emmagasinés et lié les uns aux autres.
Le traitement de l’EDMR va progresser à travers des réseaux de mémoires.

 

On demande au patient de se concentrer sur une cible qui est un souvenir spécifique ou un aspect de ce qui a été vécu (sensation, pensée, …).
Nous allons ainsi nettoyer chaque canal en retraitant l’ensemble du matériel dysfonctionnel connecté à la cible, emmagasiné de façon dysfonctionnelle.

 

Le but du traitement de l’EMDR :

– Identifie les différents aspects du trauma qui perturbe la personne. Par aspects, on entend les images intrusives, les pensées ou les croyances négatives que vous avez sur vous-même, les émotions négatives (peur, honte, culpabilité) et les sensations corporelles qui y sont associées et inversement ce que vous préféreriez, à la place, penser de vous-même.
– Aider à se libérer du passé et à transformer celui-ci en un présent bienfaisant.
– Amener un changement positif dans les pensées et les croyances, à ne plus avoir d’images intrusives.

 

Utilisation de l’EMDR en cas de :

 

  • événement traumatisant simple
  • angoisse
  • comportement récurrent
  • événements traumatiques récents
  • phobies
  • deuil pathologique
  • maladies et troubles somatiques